Dans les articles précédents (partie 1, partie 2), nous nous sommes penchés sur l’intelligence Artificielle, son évolution, ses limites et les défis liés à la volonté d’en tirer des applications utiles pour la vie de tous les jours. Dans celui-ci, nous nous pencherons sur le contexte de création de Ubisoft La Forge et sa contribution à cet ecosystème.
Qu’est-ce que La Forge?
La mission d’Ubisoft la Forge est de créer des prototypes qui reposent sur les plus récentes avancées académiques. Ce qui distingue la Forge est qu’elle est une plateforme conçue pour être un outil tout autant pour Ubisoft –qui y voit une opportunité de transfert technologique- que pour les chercheurs académiques – qui y trouvent des ressources auxquelles ils n’auraient pas accès. Un chercheur à la Forge a les mêmes accès qu’un employé d’Ubisoft aux données, aux engins de jeux, aux technologies, aux expertises et aux infrastructures.
Cela crée des conditions uniques entre des chercheurs et des employés d’Ubisoft, travaillant ensemble sur un même prototype, qui vise tout autant à ouvrir la porte vers de meilleurs jeux que vers des publications reconnues.
C’est cette prémisse qui nous a permis d’appréhender les nouveaux paradigmes de l’apprentissage machine. Comme toute technologie rapide et disruptive, elle produit des résultats souvent moins robustes que nos recettes éprouvées. Une voix générée est impressionnante si l’on sait qu’elle est synthétique, mais ne rivalise pas avec les nuances ou les émotions qu’un humain peut y ajouter.
En route vers des applications utiles
Nous avons donc abordé l’IA d’abord comme un outil d’assistance à la création permettant de générer une qualité suffisante pour certaines situations (par exemple des personnages très secondaires dans un jeu) ou pour accélérer les parties automatisables d’un développement (par exemple pour générer des animations qui servent de matériaux de départ a un animateur).
En incluant –mieux, en faisant porter ces projets par des experts de leur métier, nous contribuons à accélérer l’adoption, à rendre le prototype utile et robuste, mais également à accélérer le passage de l’outil comme aide à la création vers une fonctionnalité créative. Lorsque nos experts deviennent confiants que ce que produit l’IA est fiable, reproductible, explicable, ils définissent eux même les situations pour lesquelles ces technologies peuvent être directement confrontées au joueur. Par exemple quand un système d’animation ne nécessite plus d’intervention manuelle et améliore la variété de nos mondes virtuels. .
Après le Jeu Vidéo
Un jeu vidéo en monde ouvert est un immense ecosystème (de la taille de la ville de San Francisco ou de l’Égypte, par exemple) dont on simule les interactions jusqu’à un certain point : personnages, véhicules, conditions météorologiques, etc. Ce monde ouvert n’est pas nécessairement réaliste, mais il doit être crédible et offrir une profonde liberté d’action. D’aucuns parlent de simulations.
Si ces simulations sont suffisamment réalistes par certains aspects, alors il est possible d’y développer des éléments transférables dans notre monde qui n’a rien de virtuel. Par exemple on peut entrainer un véhicule autonome dans une ville virtuelle puis implanter ce résultat dans un véhicule réel.
Ce sont les trois changements radicaux apportes par l’IA : une même technologie peut donc évoluer pour bénéficier à nos créateurs, puis à nos joueurs et enfin à d’autres domaines d’activités du monde réel. Des applications utiles, bref.
Que nous réserve le futur?
La voiture autonome suit déjà son chemin. Plusieurs chercheurs du domaine de la santé testent l’utilisation d’avatars virtuels pour traiter des personnes atteintes de schizophrénie ou d’anxiété. Il faut maintenant s’assurer que ces avatars soient crédibles et puissent interagir de manière riche, c’est ce que nous visons pour nos jeux. En sciences de l’education, adapter l’apprentissage à l’apprenant n’est pas si différent d’adapter la difficulté d’un jeu au style et aux compétences d’un joueur. Générer des animations variées pose des défis similaires à certains diagnostiques en physiothérapie.
Les jeux vidéo et l’intelligence artificielle ont une connivence jeune de 70 ans. Les récentes avancées de chaque domaine réinventent cette relation. Un peu comme un couple sur le point de devenir une famille – quelque chose de nouveau est en train d’arriver. Quelque chose qui amènera cette relation a un autre niveau.
De jeu bien sûr.
Envie d’en savoir plus sur notre espace de prototypage? Jetez un coup d’oeil à la page d’Ubisoft La Forge.